La constitution de la matière à l'échelle microscopique a longtemps été un sujet de débats. Aristote proposait, dès la Grèce antique, une conception continue de la matière, alors qu'une conception discrète, proposée à la même époque par Démocrite d'Abdère, a longtemps été laissée de côté.
Il faudra attendre le \(\mathrm{XVIII}^\textrm{ème}\) siècle avec les travaux de
Chaque corps macroscopique est constitué d'un nombre fini d'entité "insécables" (ou "atomos" en grec) constituant la matière à l'échelle microscopique.
Un atome est un édifice microscopique électriquement neutre constitué d'une part d'un noyau de \(Z\) protons et de \(N=A-Z\) neutrons et d'autre part de \(Z\) électrons.
On nomme \(Z\) le numéro atomique, qui correspond au nombre de charges électriques constituant le noyau et \(A\) le nombre de masse correspondant au nombre de nucléons constituant le noyau.
La charge électrique élémentaire est \(e \simeq 1,6 \times 10^{-19} \mathrm{C}\) et l'unité de masse atomique est \(1\ \mathrm{uma} \simeq 1,67 \times 10^{-27}\ \mathrm{kg}\).
Pour alléger la représentation graphique de l'atome, on propose la représentation symbolique suivante du noyau : $${\large \boxed{\mathrm{^{A}_{Z}X}}}$$
\(A\) représente le nombre de masses du noyau, \(Z\) le nombre de charges et \(X\) est le symbole de l'élément.
Différents modèles de l'atome se sont succédés dans le temps incluant à chaque fois les nouvelles découvertes de physiciens.
Chaque particule quantique confinée (comme un électron confiné dans le champ électrostatique du noyau) peut être détecté avec des niveaux discrets d'énergie dépendant de l'état quantique de la particule. On associe donc à chaque particule une fonction d'onde, notée \(\Psi(\vec{r},t)\), qui représente la probabilité de détection de la particule en \(\vec{r}\) à l'instant \(t\).
Dans le cas d'un électron dans un cortège électronique à trois dimensions, il est nécessaire de recourir à quatre nombres quantiques qui permettent de déterminer précisémment l'état de cet électron.
Ce nombre entier correspond à la couche électronique sur laquelle évolue l'électron, il évolue entre \(1\) et \(7\) ou \(8\) pour un atome "au repos".
Plus \(n\) est grand, plus l'électron "s'éloigne" du noyau.
En \(2006\), l'homme a synthéthisé le plus gros élément connu à ce jour :
l'
$$\boxed{0 \leq \ell \leq n-1}$$ \(\ell\) est un nombre entier, lié au moment cinétique de l'électron, qui donne sa représentation spatiale à la fonction d'onde \(\Psi (\vec{r},t)\). Ce nombre quantique correspond à la sous-couche électronique dans laquelle évolue l'électron.
Il y a \(n\) sous-couches dans une couche électronique.
\(\ell=0\) Sous-couche \(s\) (sharp) |
\(\ell=1\) Sous-couche \(p\) (principal) |
\(\ell=2\) Sous-couche \(d\) (diffuse) |
\(\ell=3\) Sous-couche \(f\) (fundamental) |
\(\ell=4\) Sous-couche \(g\) (ordre alphabétique) |
Les illustrations ci-dessus représentent graphiquement le module carré de la fonction d'onde \(|\Psi(\vec{r},t)|^2\) de certaines sous-couches électroniques : l'électron ayant une probabilité de \(95\%\) d'être détecté dans les "lobes" colorés autour du noyau.
$$\boxed{-\ell \leq m_\ell \leq +\ell}$$
Le nombre quantique magnétique quantifie la valeur du moment magnétique de l'électron. La particule chargée étant en rotation autour du noyau atomique, elle agit comme un petit aimant dont l'orientation peut être mesurée et ne prenant que certaines valeurs discrètes. Ce nombre quantique correspond à une Il y a \(2\ell+1\) orbitales atomiques dans une sous-couche électronique. Pour une sous-couche \(s\) (\(\ell=0\)), le nombre quantique magnétique \(m_\ell\) ne peut prendre qu'une seule valeur : \(m_\ell=0\). La géométrie de la sous-couche est sphérique, il n'y a pas d'orientation privilégiée. Pour une sous-couche \(p\) (\(\ell=1\)), il y a trois valeurs possibles pour \(m_\ell\) : \(-1\), \(0\) ou \(1\) qui correspondent aux trois orientations spatiales possibles pour les lobes de la fonction d'onde : suivant la direction \(\vec{u_x}\), \(\vec{u_y}\) ou \(\vec{u_z}\) comme représenté ci-contre. |
Pour l'électron, le nombre quantique de spin peut prendre \(2\) valeurs : \(m_s = \pm \frac{1}{2}\).
Le spin est une propriété quantique, intrinsèque à la matière (comme la masse ou la charge électrique).
La fonction d'onde \(\Psi (\vec{r}, t)\) est parfaitement décrite avec
la connaissance des quatre nombres quantiques \((n, \ell, m_\ell, m_s)\). Ces quatre
nombres définissent ainsi l'
La représentation spatiale des orbitales atomiques dans le cas de l'atome d'hydrogène est faite dans la figure ci-après. Les nombres quantiques (\(n, \ell,m_\ell\)) sont indiqués en bas de chaque représentation.
Le fait de connaître l'expression de la fonction d'onde et sa représentation graphique à partir
de la donnée des quatre nombres quantiques ne suffit pas à déterminer la composition exacte d'un
cortège électronique. Il est nécessaire pour cela d'établir les
Deux électrons ne peuvent pas être dans le même état quantique (\(n, \ell, m_\ell, m_s\)).
Une sous-couche \(s\) pourra ainsi contenir 2 électrons au maximum, 6 pour une sous-couche \(p\), 10 pour une sous-couche \(d\), 18 pour une sous-couche \(f\), etc.
Les électrons sont rangés par niveau
L'élément potassium \(_{19}^{40}\mathrm{K}\) a \(19\) électrons. On peut représenter les différentes sous-couches électroniques dans un tableau identique à celui représenté ci-contre. Il est nécessaire, pour établir la configuration électronique du potassium, de suivre la règle de Klechkowski, autrement dit de suivre le tracé rouge ci-contre. Les niveaux d'énergie croissants sont ainsi : $$\mathrm{1s \rightarrow 2s \rightarrow 2p \rightarrow 3s \rightarrow 3p \rightarrow 4s \rightarrow 3d \rightarrow 4p \rightarrow 5s \rightarrow 4d \rightarrow 5p \rightarrow \ldots}$$ La configuration électronique du potassium sera ainsi notée : $$\mathrm{\left[_{19}^{40}\mathrm{K}\right] = (1s)^2(2s)^2(2p)^6(3s)^2(3p)^6(4s)^1 = \left[_{18}^{40}\mathrm{Ar}\right](4s)^2}$$ |
Il existe des
L'indium a pour configuration électronique \(\mathrm{[In]=[Kr](5s)^2(4d)^{10}(5p)^{1}}\) dans l'état gazeux, mais l'ion indium en solution aqueuse a pour configuration électronique \(\mathrm{[In^{2+}]=[Kr](4d)^{10}(5s)^{1}}\).
Le
Dans le cas du phosphore (\(Z=15\)), la configuration électronique s'écrit \(\mathrm{[P] = [Ne] (3s)^2 (3p)^3}\). On peut détailler l'occupation des différentes orbitales atomiques.
Les configuration n°1 et configuration n°5 sont les plus stables car le spin est extrême : maximal pour la configuration n°1 et minimal pour la configuration n°5.
Chaque orbitale atomique est associée à une énergie bien définie. Les niveaux d'énergie dans l'atome sont donc quantifiés.
Pour les éléments des blocs \(s\) et \(p\) de la classification périodique, les
D'une manière générale, les électrons de valence appartiennent :
Pour les trois premières périodes de la classification, on peut représenter facilement les électrons de valence.
On peut retenir le tableau suivant pour identifier le nombre d'électrons de valence pour chaque élément :
En résumé : les élements en rouge ont tendance à former des cations pour se stabiliser, les élements en bleu ont tendance à former des anions, les éléments en vert ont tendance à s'assembler à d'autres éléments pour former des molécules et les éléments en jaune sont des gaz nobles, stables sous forme d'atomes.
L'électronégativité d'un atome permet de mesurer le pouvoir d'attraction des électrons de valence par un noyau atomique.
Il existe deux échelles, l'échelle de Pauling et l'échelle de Mulliken qui se basent sur deux définitions différentes de l'électronégativité mais dont la tendance globale est la même : l'électronégativité est croissante en se rapprochant du fluor.
L'électronégativité d'un élément \(\mathrm{X}\) est notée \(\chi (\mathrm{X})\),
Plus l'électronégativité \(\chi(\mathrm{X})\) d'un élément \(\mathrm{X}\)
augmente, plus cet élément a un cortège électronique
La liaison covalente résulte de la mise en commun d'au moins deux électrons de valences par deux entités différentes.
Les deux entités qui forment une liaison covalente doivent être d'électronégativité très élevée, dans ce cas \(\Delta~\chi~\simeq~0\) mais \(\overline{\chi}~\rightarrow~4\). Les éléments concernés sont principalement ceux situés en haut à gauche de la classification périodique.
le carbone, l'azote, le fluor, le chore, etc
La liaison covalente entre deux atomes peut être :
Liaison \(\mathrm{H-H}\) dans le dihydrogène.
Liaison \(\mathrm{O = O}\) dans le dioxygène.
Liaison \(\mathrm{N \equiv N}\) dans le diazote.
Quelques (gros) éléments assez marginaux sont capables de former des liaisons quadruples impliquant quatre paires d'électrons de valence.
D'autres types de liaisons sont possibles entre deux entités.
Liaison | Simple | Double | Triple |
Énergie de liaison (en \(\mathrm{kJ \cdot mol^{-1}}\)) | ~400 | ~600 | ~800 |
Énergie de liaison (en \(\mathrm{eV}\)) | ~2 | ~3 | ~4 |
Dans la représentation de Lewis :
Si une entité présente un électron non apparié, l'espèce chimique est qualifiée de "radicalaire " et est très réactive.
La représentation d'une molécule sous forme de structure de Lewis vérifie un protocole simple. On se base ici sur l'exemple de la molécule de dioxyde de soufre (\(\mathrm{SO_2}\)).
Ici, le soufre (\(\mathrm{S}\)) a 6 électrons de valence et chaque oxygène (\(\mathrm{O}\)) a 6 E.V. Il y a donc en tout 18 E.V.
On a donc ici 18/2=9 paires de valence. Si le nombre d'E.V. n'était pas pair, on aurait eu un électron libre supplémentaire pour former un électron non apparié.
L'atome central est le soufre (\(\mathrm{S}\)), on dispose donc la molécule de cette manière \(\mathrm{O-S-O}\)
Les éléments \(\mathrm{P}\), \(\mathrm{S}\), \(\mathrm{C\ell}\) sont hypervalents et peuvent former plus de quatre liaisons covalentes.
On a le droit à 9 paires de valence pour seulement 2 utilisées, on doit donc placer les 7 paires de valence restantes comme suit ou . Chaque atome vérifie bien la règle de l'octet.
L'oxygène et le soufre libres ont 6 E.V. Or, l'oxygène de gauche s'est entouré de 7 E.V. (charge -1) et le soufre seulement de 5 (charge +1). On obtient donc la représentation de Lewis du dioxyde de soufre : ou .
On retiendra que :
Lorsque deux entités d'électronégativités différentes forment une liaison covalente, les électrons sont plus attirés par l'entité la plus électronégative : il est résulte un moment dipolaire \(\vec{p}\) de la liaison.
Le moment dipolaire \(\vec{p}\) est défini par : $$\vec{p} = \delta e \vec{NP}$$ avec :
|
Le moment dipolaire est exprimé en debye (\(1\ \mathrm{D} \simeq 3,3 \times 10^{-30} \ \mathrm{C \cdot m^{-1}}\)).
Dans une molécule ou un ion polyatomique qui comporte plus de deux entités, le moment dipolaire total \(\vec{p}\) de la molécule est la somme vectorielle des moments dipolaires de chaque liaison. $$\boxed{\vec{p} = \underset{n \textrm{ liaisons}}{\underbrace{\vec{p_1}+\ldots +\vec{p_n}}}}$$
La molécule sera ainsi qualifiée de :À l'échelle microscopique, chaque molécule a un cortège électronique qui se déforme sous l'action d'un champ électrique extérieur. Si la molécule présentait déjà un moment dipolaire non nul, on parle de dipôle permanent. Si la molécule avait un moment dipolaire nul mais que la déformation du nuage électronique lui en fait acquérir un, on parle de dipôle induit.
Interaction de London : Cette interaction a lieu entre deux dipôles induits. L'énergie potentielle d'interaction associée à ce type d'interaction est de la forme : $$\mathcal{E}_{\textrm{London}} = -\frac{K_{\textrm{London}}}{ r^6} \Rightarrow F_{\textrm{London}} = -\frac{\mathrm{d} \mathcal{E}_{\textrm{London}} }{\mathrm{d} r}=-\frac{K_{\textrm{London}}}{ r^7}$$
deux molécules de diiode.
interaction de Debye : Cette interaction a lieu entre un dipôle induit et un
dipole permanent.
$$\mathcal{E}_{\textrm{Debye}} = -\frac{K_{\textrm{Debye}}}{ r^6} \Rightarrow F_{\textrm{Debye}} = -\frac{\mathrm{d} \mathcal{E}_{\textrm{Debye}} }{\mathrm{d}
r}=-\frac{K_{\textrm{Debye}}}{ r^7}$$
une molécule de diiode et une molécule d'eau. |
Interaction de Keesom : Cette interaction a lieu entre deux dipôles permanents. $$\mathcal{E}_{\textrm{Keesom}} = -\frac{K_{\textrm{Keesom}}}{ r^6} \Rightarrow F_{\textrm{Keesom}} = -\frac{\mathrm{d} \mathcal{E}_{\textrm{Keesom}} }{\mathrm{d} r}=-\frac{K_{\textrm{Keesom}}}{ r^7}$$
deux molécules d'eau.
Les interactions de Van der Waals sont reponsables d'une énergie potentielle d'interaction de la forme : $$\mathcal{E}_{\textrm{VdW}}=\frac{1}{ r^6}\left(K_{\textrm{London}}+K_{\textrm{Debye}} +K_{\textrm{Keesom}}\right)$$
Plus les cortèges électroniques des éléments sont gros et plus ils sont polarisables. Ces éléments sont donc soumis à plus de forces de van der Waals.
Les forces de van der Waals sont des forces intermoléculaires attractives responsables de la cohésion de la matière à l'échelle macroscopique.
L'énergie nécessaire pour briser une liaison hydrogène est de l'ordre de \(\mathcal{E}~\sim~4~\textrm{ à }~40~\ \mathrm{kJ \cdot mol^{-1}}\).
Dans la glace, la présence d'atomes d'hydrogène et d'atomes d'oxygène présentant deux doublets non liants permet d'obtenir une liaison hydrogène entre chaque molécule. |
L'énergie thermique microscopique d'une (petite) molécule est de l'ordre de \(k_B T\) avec \(k_B~\simeq~1,38~\times~10^{-23}~\ \mathrm{J \cdot K^{-1}}\) la constante de Boltzmann.
La présence de liaison hydrogène pour H2O, NH3, etc impose une température de fusion élevée.
Plus l’élément est gros et plus son cortège électronique est polarisable, il est soumis à plus d’interaction de London et sa température de fusion augmente (augmentation quasi-linéaire avec le volume (polarisabilité) des molécules).
L'eau a un moment dipolaire \(p\simeq 1,85 \ \mathrm{D}\), c'est un solvant ionisant.
L'eau a une permittivité relative \(\varepsilon_r \simeq 80\). Le champ électrique ressenti par une charge électrique dans l'eau est donc \(80\) fois plus faible que dans le vide. L'eau a un fort pouvoir d'écrantage des charges : c'est un solvant dissociant.
L'eau possède deux hydrogènes sur son atome d'oxygène (électronégatif). L'eau est donc susceptible de libérer un proton \(\mathrm{H^+}\) : c'est un solvant protique.
$$ \mathrm{\underset{\textrm{Cristal}}{NaC\ell_{(s)}} \overset{\textrm{ionisation}}{\leftrightarrows} \underset{\textrm{Paire d'ions}}{(Na^+, C\ell^-)_{(aq)}}}$$ La polarisation de la liaison est accrue jusqu'à donner deux ions, liés entre eux par une interaction de type électrostatique (énergie d'interaction de coulomb).
$$ \mathrm{ \underset{\textrm{Paire d'ions}}{(Na^+, C\ell^-)_{(aq)}} \overset{\textrm{dissociation}}{\leftrightarrows} \underset{\textrm{ions}}{Na^{+} + C\ell^{-}}}$$ Les deux ions sont séparés, il faut apporter de l'énergie au système (sous forme thermique) pour séparer les deux ions (déstabilisation du système).
$$ \mathrm{ \underset{\textrm{ions}}{Na^{+} + C\ell^{-}} \overset{\textrm{solvatation}}{\leftrightarrows} \underset{\textrm{ions aqueux}}{Na^{+}_{\textrm{(aq)}} + C\ell^{-}_{\textrm{(aq)}}}}$$ L'étapes de solvatation est une étape de création d'interactions attractives (d'origine électrostatique) entre le solvant et les ions. Ces interactions sont stabilisantes.
Les interactions soluté/soluté sont remplacées par des interactions soluté/solvant de même nature, ce qui est peu coûteux en énergie.
"Qui se ressemble s'assemble"